Après le Mortlach 54, un autre moment d’histoire est disposé à se lover dans notre verre. Une nouvelle fois sous l’égide de Gordon & MacPhail (que l’on remercie 1000 fois pour le sample), le Speyside est à l’honneur avec un fût de sherry de premier remplissage de presque 60ans.
Nez : le fondu est net, souple et suffisamment généreux. Le boisé est là mais ne dévore pas les autres effluves. Le cuir (beaucoup plus circonscrit que chez certains Glendronach par ex.) ne s’en laisse pas conter et laisse débarquer des fruits (cerise, fraise), une pointe d’oranges sanguines et de pelures de légumes. Le tout est assemblé autour d’une note de confiserie qui tient à la fois du marshmallow peu sucré et de la dragée. Les amandes concassées rejoignent une pointe lactée et des herbes aromatiques qui souhaitent semer le trouble (sauge, thym, herbes de Provence). L’ouverture conserve l’aspect hiératique et trouve peu à peu son point d’équilibre : bois de rose, raisins secs, bonbons aux fleurs (violettes de Toulouse), minéralité, un voile de poussière de fumée (difficile de décrire cela autrement), du tabac, du bois, de la ganache au chocolat, de la rhubarbe, du riz soufflé, des pêches blanches, du kaki, des abricots secs… La maturation conserve un équilibre fou pour un whisky aussi âgé. Il tient bon ce papy Glen Grant ! Espérons que la bouche soit à la hauteur.
Bouche : on a une texture assez soyeuse avec une fluidité absolue et une amplitude agréable. On retrouve bien sûr les fruits rouges, les agrumes mais aussi des fruits exotiques bien mûrs (kaki, passion, mangue) avec à nouveau la rhubarbe, une pointe de cuir et de bois fumé… Il ne nous ménage pas ! La seconde partie de bouche nous amène sur une considération plus boisée (pas réellement sèche), sans aucune agressivité. On a aussi quelques herbes fraîches (sauge, menthe), de la confiture de fraises, cette pointe de fumée « cuirée » (Benromach spiritus ?) qui lie les différentes sources aromatiques. L’élégance et le fondu se marient avec harmonie. Une bouche subtilement menée.
Finale : c’est probablement son mini-mini-talon d’Achille car cela demeure assez court (mais rien d’indigent, vraiment) même si la persistance est réellement appréciable. On retrouve ce voile de poussière de fumée et de cuir, de la pêche blanche et un reliquat d’exotisme. Une terminaison qui donne l’idée de l’esprit « Benromachien » dans un tout autre contexte historique et structurel. La boucle est bouclée ? L’arrière-bouche retrouve le bois, le duo fumée-cuir, les herbes, l’orange sanguine, le riz soufflé, la rhubarbe et les fruits sus-cités. Encore du très haut niveau à ce stade malgré le léger manque de puissance.
Music Pairing : Billie Holiday – Strange Fruit
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