Le 20 ans sherry que nous avions pu déguster n’était pas un modèle de finesse mais s’avérait malgré tout qualitatif. C’est d’ailleurs l’impression que nous laissait, de manière générale, les versions âgées en embouteillage officiel (20 ans et plus). Vérification du phénomène avec cet embouteillage datant de 2005…
Nez : comme on pouvait s’y attendre, l’aspect maritime est bien présent. L’eau de mer et les cristaux de sel viennent pourtant avec des touches de cuir, de crin de cheval mais également de cirage, tirant ensuite sur des parfums de caoutchouc. Pour dynamiser cette tourbe précise et opulente, on retrouve du poivre noir et une patine beurrée nous ramenant peu à peu sur la brioche à l’orange. Avec le temps, les agrumes prennent plus de place avec du cédrat confit. Les épices prennent aussi leurs aises : derrière leur chef incontesté, le poivre, on sent de la nigelle et de la fève Tonka. Ensuite, on redécouvre la minéralité salée (voire de la coquille d’huître) allongée de citron, un peu de charbon de narghilé, de la pâte d’amande et des touches vertes (thuya, thym, menthe glaciale). Enfin, en étant patient, on perçoit des pointes de sauce tomate pimentée, du vinaigre et de l’huile de lin. Un très joli nez qui dissimule ses variations derrière une certaine exubérance. La dilution permet d’éliminer les notes les plus lourdes et de converger vers la douceur relative de la bouche. C’est alors une alliance plus consensuelle, moins subtile également.
Bouche : la texture est bien riche et l’alcool donne tout de même un bon kick pour nous réveiller. L’entrée en matière est moins marquée avec une tourbe toujours maritime avec quelques pierres froides et un peu de caoutchouc. Elle est alors porteuse de charbon de narghilé (léger), de copeaux de chocolat et des agrumes (cédrat confit et mandarine sucrée). La seconde partie de bouche ramène les épices avec vigueur : le poivre bien évidemment mais aussi la cannelle et la Tonka. C’est alors que la réglisse, le cacao, les chouchous et les herbes (thym, thuya) viennent compléter ce portrait plus sec qu’au nez. On a à cet instant un peu moins de cisèlement mais c’est une bouche appliquée, aucun doute là-dessus. L’ajout d’eau le calme grandement et fait ressortir clairement les épices chaudes et les herbes aromatiques (thym, origan). Globalement l’amplitude et la gourmandise sont réduites mais la nigelle réapparaît, accompagnée de cette note de tomate pimentée pour le moins intrigante et de fulgurances florales (lys, lavande).
Finale : elle est longue et persistante. Le sel et le poivre se conjuguent tandis qu’on conserve une douceur cacaotée venant avec un peu d’eucalyptus, du thym et du cédrat confit. L’arrière-bouche est assez similaire bien que la salinité et l’acidité du citron soient plus présentes. La sécheresse du poivre, du piment et de la réglisse se font également remarquer. Avec la dilution, cette coda devient très droite, entre agrumes, épices, tourbe maritime et pointe florale (lys, lavande).
Music-pairing : Graveyard – Please Don’t
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