Pour les amalteurs, l’américain John Glaser représente un peu l’assembleur moderne et volontaire, désireux de proposer des produits complexes et différents des blended malts habituels. Pour les cinéphiles, le britannique Jonathan Glazer est un réalisateur soigneux et intrigant qui n’a tourné que 3 films depuis ses débuts en 2000. Par ailleurs, il réalisa des clips pour Massive Attack, Blur ou encore Nick Cave. Whiskyandco imagine la rencontre de ces perfectionnistes en trois pellicules et trois bouteilles.
Sexy Beast (2000) se mue en The Last Vatted Malt
Le premier long métrage de Glazer évoquait un scénario assez connu : un malfrat à la retraite (ici en Espagne) qui se prélasse sur la côte hispanique est contacté par un de ses anciens partenaires pour un dernier coup sur Londres.
Pour rappel, The Last Vatted Malt était une manière sarcastique de traîter le changement de dénomination des assemblages de Single Malt. Nous passions alors de Vatted Malt à Blended Malt. John Glaser prônait donc un dernier « méfait », un parfum d’adieu avec ce voyage en Espagne (et le sherry présent) fort distrayant. Il va de soi que le whisky est bien moins violent et que le happy end nous est garanti. Mais ceci est une autre histoire…
Birth (2004) se transforme en The Lost Blend
Birth était déjà plus original que ne l’était le polar « Sexy Beast ». Sur un ton étrange voire dérangeant, Nicole Kidman, veuve désormais prête à se marier, rencontrait un enfant qui semblait être la réincarnation de feu son ex-mari.
Le principe de résurrection et de continuité des sentiments, voilà de quoi nous amener sur le terrain de jeu du « The Lost Blend ». En effet, John Glaser faisait revivre son propre blend (l’Eleuthera, son premier coup de coeur) et tout en lui apportant un sacré coup de jeune : un packaging modernisé mais inspiré du passé, une recette éprouvée mais remise au goût du jour. Bref, John Glaser proposait clairement une renaissance du défunt blend, une approche nostalgique et tendancieuse que n’aurait probablement pas désapprouvé Jonathan Glazer.
Under The Skin (2014) se métamorphose en The Spice Tree
Under The Skin montrait Scarlett Johansson, une extra-terrestre, arriver sur Terre, errant, faisant disparaître des hommes sur son passage, mettant en avant la solitude la société contemporaine.
En quelques mots, ce dernier volet du britannique oscillait entre poésie et déconstruction, sortant du cadre tout comme son « héroïne ». Il s’agit donc d’une tentative assez unique de par ses procédés (l’actrice a leurré des passants plutôt que de fabriquer des recontres) et de son approche de la thématique extra-terrestre.
Le Spice Tree pourrait être son équivalent spiritueux lorsque l’on pense aux premiers jets de John Glaser. Pour rappel, les premières versions de cet embouteillage possédaient des inserts de fût afin de donner un caractère boisé/épicé. Malgré sa réussite gustative (comme la proximité de Scarlett Johansson avec les humains), ses méthodes pouvaient et on été remises en question montrant que l’acceptation n’était pas possible.
Parfois, quelque soit l’art, les visions peuvent être partagées sans pour autant que des concessions soient faites par les personnalités en présence.
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