Ailsa Bay, contre toute attente, propose sa toute première expression officielle. Un Lowland tourbé ne pouvait qu’attirer l’attention surtout quand il nous est présenté comme un terrain d’innovation et de savoir-faire. Si on a plutôt l’impression qu’on est dans la démonstration que dans la vision à long-terme du Single Malt, la première release d’une distillerie est toujours un moment à part…
Ailsa Bay est née en 2007 dans les Lowlands. En étant plus précis, la distillerie se trouve sur les terres de la distillerie de grain Girvan. Ailsa Bay est ainsi localisée au même endroit que l’était Ladyburn, la distillerie de malt qui vécut de 1966 à 1975. Jusqu’alors elle produisait un malt qui rentrait dans la composition des blends du groupe qui la détient, William Grant & Sons (WG&S). On peut raisonnablement penser que sa vocation première est cet approvisionnement, surtout avec sa capacité de 12 millions de litres par an issus de ses 16 alambics. Glenfiddich et The Balvenie, les deux emblèmes de WG&S, peuvent ainsi tenir leur position dans l’univers du Single Malt plus aisément. Il faut aussi préciser qu’Aisla Bay a comme modèle The Balvenie ce qui permettra de réaliser des substitutions au niveau des assemblages.
Un Lowlander qui se démarque
Toutefois, de manière surprenante, un Aisla Bay sans âge et tourbé est annoncé. Cette première édition officielle souhaite clairement marquer les esprits par deux aspects distincts : prendre une place tourbée qui était absente de la gamme de WG&S et faire oublier qu’il s’agit d’une usine multi-canal qui a pour but d’offrir de la flexibilité en parlant d’innovation et de Single Malt et non de blending.
Le premier point semble plutôt évident quand on regarde le contexte. Islay est devenue hype et sa population maltesque va encore croître dans les années à venir. Cependant, les distilleries du Mainland ont depuis longtemps jongler avec la tourbe. On pense inéluctablement à Springbank ou encore à BenRiach. Ici, la production de whisky tourbé a lieu sur seulement deux semaines pendant l’année ce qui nous rappelle Tomintoul et son Old Ballantruan. Durant la première, la distillerie offre un malt légèrement tourbé. Durant la seconde, c’est un malt très tourbé qui est confectionné. Peter Gordon, directeur de WG&S, affirmait d’ailleurs : « Avec Ailsa Bay, nous voulions créer un whisky très tourbé ayant toute la douceur et la fumée que nous pouvions rassembler, mais aussi calmer quelques notes médicinales qui caractérisent certains whisky tourbés ».
Vers une production hétéroclite ?
Toutefois, Aisla Bay semble vouloir permettre au master blender, Brian Kinsman, de réaliser des tests grandeur nature. En effet, elle possède quatre condensateurs servant à faire varier les profils aromatiques. De même, cette première édition est une combinaison de quatre fûts : un refill bourbon, un fût de bourbon de premier remplissage, un fût neuf et un un baby cask de Bourbon issu de la distillerie new-yorkaise Hudson. Ce dernier fut le premier à avoir contenu le distillat.
Pour l’instant, on a du mal à voir la perspective de cette gamme officielle. Quand on lit que Peter Gordon pense qu’Aisla Bay sera toujours embouteillé sans-âge, on sent bien que la distillerie des Lowlands n’est pas vouée à connaître le panthéon du malt. Si c’est une réussite gustative, WG&S aura par contre prouvé que leur nouvelle installation peut vraiment produire un style de whisky sur demande.
Embouteillé à 48,9%, ce premier opus d’Aisla Bay sortira à 55£ (env. 70€) et attisera forcément les curiosités de par son statut de Lowlander tourbé.
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