A 1710 est une distillerie récente, située à L’Habitation du Simon et qui a fait une entrée remarquée sur le territoire des rhums martiniquais. Offrant une fermentation longue (5 jours), cette déclinaison « Rare » propose une lecture mono-variétale (et bio) de son travail.
Nez : une belle personnalité est immédiatement à l’œuvre. Les notes de jus de canne frais sont libérées sans que leur emprise n’écrase tout le profil. En effet, on découvre des fleurs (eau de rose, lys, géranium) s’émancipant avec célérité. La complexité augmente quelques instants après avec du poivre de Sichuan, une touche de colle et d’amidon (riz), du litchi, de la goyave et de la papaye séchée. Une légère salinité apporte alors un petit twist intéressant tandis qu’une impression de terre et de betterave se développe avec l’ouverture. Ce nez est puissant mais délicat de par sa palette aromatique variée. Un départ prometteur qui démontre un réel savoir-faire : une énergie typique couplée à une rondeur apaisante. La dilution fait ressortir le panier exotique, le poivre de Sichuan mais également la touche amidonnée.
Bouche : la texture est parfaitement soyeuse et on a une belle puissance exprimée. Si on sent une pointe d’alcool à l’entrée de bouche, les saveurs ne sont pourtant pas balayées d’un revers de main. L’amalgame des fleurs (géranium, lys), de la terre et d’une pointe d’agrumes laisse rapidement place à une rondeur palpable. L’amplitude est alors plus nette et on redécouvre ce duo goyave-papaye déshydratée qui tutoie le jus de canne frais, la touche minérale et un peu d’ananas. On peut bien entendu émettre quelques réserves, notamment en ce qui concerne l’expressivité parfois limitée et la rondeur un peu trop pantouflarde. Toutefois, ne soyons pas chafouin, c’est une bouche dynamique qui nous est proposée avec une séquence bien sentie. La dilution est plutôt intéressante puisqu’elle permet de mettre en exergue la rondeur avec quelques touches florales et herbacées en contrepouvoir (mais aussi du citron). Un changement d’équilibrage qui en convaincra assurément certains.
Finale : elle est moyennement longue avec une persistance vive mais pas interminable. On retrouve la goyave, le jus de canne frais, un peu de noisettes et les épices douces (muscade, poivre blanc). L’arrière-bouche retrouve l’impression amidonnée et minérale, le citron et les épices. L’ajout d’eau lui fait gagner de la présence en fin de course avec un peu plus de poivre et d’amidon qu’auparavant.
Music Pairing : Kenny Dorham – Blue Friday
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