Si l’image d’une contrebande à l’ancienne semble aberrante de nos jours, l’industrie de l’alcool et particulièrement celles du vin et de la bière semble toujours touchée. Malgré une actu qui nous rappelle que cela demeure possible, il est difficile d’imaginer un marché du whisky en proie aux affres des contrebandes et contrefaçons, détruisant la réputation d’une distillerie ou d’un embouteilleur. Pourtant, la question se pose, surtout avec le développement de transactions de seconde main. Le gouvernement britannique semble quant à lui avoir pris les choses à bras le corps…
L’image de la Prohibition
On a tendance à arguer que les activités de productions illégales d’alcool ne sont que des vestiges du passé.
Bien entendu, avant que le whisky devienne un véritable marché licite public, la distillation domestique s’était montrée pleine de vigueur. L’instauration de nombreuses taxes (dès 1644 via le parlement écossais) n’avait pas endigué ce phénomène et l’Histoire de notre cher malt est émaillée de récits plus ou moins crapuleux se rapportant à des trafics clandestins ou à des contrefaçons.
Cependant, l’image qui s’est cristallisée dans l’esprit de la plupart des amalteurs est celle de la Prohibition. Véhiculée par le cinéma ou les séries comme Boardwalk Empire, elle se décline sous de nombreux angles avec des trafics d’influences politico-policières, des fusillades à coups de Winchester et des airs sérieux quand ils boivent leur tumbler de whiskey.
Par conséquent, on oublie un peu vite que ces signes ostentatoires ont simplement été transformés.
Les faits divers : Santé, mensonges et fraudes
De nos jours, on parle volontiers des dangers des alcools dans certains pays où les législations et contrôles ne sont pas légions. On parle volontiers des alcools frelatés qui coûtent chaque année la vie à de nombreuses personnes. Il ne s’agit pas forcément de touristes aventureux mais aussi d’habitants locaux. On peut notamment citer la mort récente de 17 personnes au Pakistan.
C’est donc par le prisme de l’alerte sanitaire que sont perçues les activités illégales liées aux alcools.
Il ne faut tout de même pas oublier que les détournements économiques existent encore et pas spécialement au sein d’états dont le PIB/habitant est inférieur à un bon Tomatin 1976. D’ailleurs, le
En Grèce, deux individus ont été interpellés à Thessalonique au nord du pays. 1974 bouteilles ont été confisquées (parmi un ensemble de produits de consommation).
L’entreprise supposément spécialiste des détergents avaient une activité bien différente. En effet, d’après les premiers éléments établis, ils importaient des alcools produits en Bulgarie et remplaçaient les étiquettes par celles de marques bien connues. Les noms n’ont pas été divulgués ni le réseau de distribution qu’ils utilisaient.
Bien entendu, ceci n’est qu’un exemple qui pourrait paraître insignifiant mais d’autres formes existent évidemment. Quelques jours plus tôt, 14 personnes avaient été arrêtées pour avoir acheminé de l’alcool (sans avoir payé de taxes) et l’avoir vendu sur le marché britannique. La fraude s’élèverait à 40 millions de livres.
C’est l’HMRC, Her Majesty’s Revenue and Customs qui est principalement responsable de la collecte de taxes, qui a révélé ses informations.
Allan Tully, leur directeur assistant, s’est confié à ce sujet: « C’est une enquête majeure à propos de ce que nous supposons être une tentative bien organisée et professionnelle de blanchir les recettes d’une importante fraude d’alcool et de voler 40 millions de livres à l’économie britannique« .
Il ajoute également : « Nous nous sommes engagés à lutter contre la fraude d’alcool, qui draine environ 1 milliard de livres des finances publiques chaque année, affectant les services publics et le commerces légaux qui ont à rivaliser avec le marché illicite« .
Whisky & « Spirit Drinks Verification Scheme » : le Royaume-Uni veille au grain
Toutefois, faut-il commencer à écorner l’image du monde du whisky (et notamment du Scotch)?
Les signaux sont plutôt encourageants puisque tous les rapports britanniques stipulent une responsabilité importante des bières et des vins (comme l’exemple sus-cité), que ce soit dans les analyses critiques de l’HMRC ou celles du gouvernement britannique.
Par ailleurs, la position de la SWA (Scotch Whisky Association) était claire et montrait une volonté de collaboration. En effet, la société destinée à protéger les intérêts de l’industrie est signataire d’un protocole d’entente avec l’HMRC.
L’importance du secteur Whisky pour la santé financière, notamment à l’export, du Royaume-Uni est par contre un argument à double tranchant. En effet, le succès passe par une protection contre les revendeurs et producteurs illégaux.
Toutefois, en cas de scandale d’un autre type, la position de repli serait envisageable.
Si on prend le cas de contrefaçons de grande envergure, les amalteurs deviendraient frileux. Si on prend le cas d’exil fiscaux, les tendances tarifaires risqueraient d’être montrées du doigt.
Ces hypothèses semblent peu crédibles puisque le gouvernement a réaffirmé son intention de contrôler l’alcool avec des collaborations entre diverses unités, la formation d’un groupe de travail anti-fraude d’alcool, une collaboration européenne.
Depuis le 10 janvier 2014, a été mis en place le « Spirit Drinks Verification Scheme ». Il a pour objectif de protéger la réputation et l’authenticité des spiritueux. Ils publieront ensuite l’ensemble des marques et embouteilleurs qui auront subi une vérification complète depuis la fermentation jusqu’à l’embouteillage (pas avant 2016). Cette vérification s’appliquera également pour les importateurs/grossistes qui réexpédieront pour le blending, l’embouteillage ou l’étiquetage hors de l’Ecosse.
Whisky & Transactions privées : de bonnes affaires mais des risque de faux
Je finirai sur un phénomène qui, lui, peut être attesté par divers amalteurs, même parmi les plus éclairés et vigilants.
Il s’agit des fakes ou faux que l’on trouve parfois (ne généralisons pas) sur les sites d’occasion ou d’enchères par exemple. Ils sont souvent le résultat de la récupération de bouteilles vides, de bouteilles soigneusement re-scellées après un transfert de liquide ou encore d’imitations de tout premier plan.
Pour le cas de site de ventes d’occasion généralistes, il faut être particulièrement vigilant car il est assez courant de voir des bouteilles plutôt prestigieuses ou recherchées à prix cassé, voire incroyablement cassé, même si la tendance semble être à l’apaisement. La méfiance sera toujours votre amis dans ce cas.
Pour ce qui est des sites d’enchères ou de ventes de particulier à particulier sur des plates-formes spécialisées, il ne faut pas penser que l’inclusion du mot whisky dans le titre est synonyme de garantie absolue. S’il y a peu de chances d’y avoir des mauvaises répliques, il faut toujours vérifier, photos à l’appui, le maximum d’informations.
Encore une fois, je ne jette pas l’opprobre sur toutes les ventes de ce type mais il faut être conscient que, quel que soit le site, le 100% garanti n’existe pas. Pour finir sur une note plus positive, ces ventes sont parfois l’occasion de s’offrir une bouteille introuvable ou de faire une « bonne affaire », une situation qui se raréfie par les temps qui courent.
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