Il nous manquait sur Whiskyandco un de ces vieux Bowmore des années 60. Constitué de fûts de sherry, cette version était-elle à la hauteur de nos espoirs les plus fous ?
Nez : on a un lot de légumes dévoués au compost, des notes de soufre, des oranges et une arrivée tardive de chocolat. Le malt légèrement caramélisé arrive tandis que la tourbe, plutôt subtile, peine à choisir son camp. Vais-je vers les rivages terreux, végétaux ou marins ? L’eucalyptus et la réglisse laisseront-ils de la place à la minéralité ? Il ne s’agit pas d’indécision mais de fluctuation. Dans le même esprit, le sherry et la tourbe montent le long du verre main dans la main sans que l’on puisse les isoler facilement. Une prestation sereine mais pas aisée à décrypter. L’ouverture apporte des amandes fumées et nous montre un visage plus sec de ce nez. On a du fruité qui point à l’horizon avec des fruits jaunes (brugnon) et quelques framboises écrasées. On s’éloigne des premiers effluves avec une note plus exotique (papaye déshydratée, coco, litchi, citron vert frais), de la cire et de la fraîcheur (menthe, sauge, glace à la crème fraîche). La salinité et la minéralité reviennent sur le devant de la scène tandis qu’un peu de melon blanc. Une belle complexité et une aération flatteuse. Toutefois, on notera que ce n’est pas un dram immédiat et évident.
Bouche : la tourbe est clairement marine cette fois, pas de doute. La texture est bien riche avec nouveau ces légumes en compost’ et l’arrivée de fruits en masse : brugnon, coco, papaye, mangue, citron vert. La glace à la crème fraîche, la menthe et la sauge redonne un bel élan tout en servant d’équilibrant. C’est parfaitement balancé et dangereusement buvable. L’immédiateté au service de la justesse. Sans s’éparpiller, cette bouche sait tout remettre dans l’ordre. L’eau le rend plus poivré et boisé avant que l’exotisme ne soit de sortie (mangue, pointe de passion, coco).
Finale : elle est longue et pourvue d’une très jolie persistance. On reprend exactement le fil rouge et on le déroule jusqu’au bout avec un aspect plus épicé, comme si on avait trempé les fruits dans un sirop poivré. On a une légère amertume tirée des fruits sans que cela soit dommageable. L’arrière-bouche devient plus boisé et plus minéral, avec un retour salin et fruité et donne un petit twist à ce dram. La dilution permet d’avoir une finale plus fruitée, en adéquation avec ce qui a été perçu lors de la bouche.
Music Pairing : Oregon – If
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