Nous nous sommes habitués à ces petits flacons de 50cl mettant un point d’honneur à rendre hommage aux distilleries d’Islay. Dans cette bouteille, c’est a minima des whiskies de 19 ans qui ont été choisis. Une alternative intéressante ?
Nez : une belle puissance s’échappe du verre. On est face à une tourbe légère, principalement iodée et légèrement médicinale, mais qui remplit parfaitement son rôle. Vient alors le temps de la pierre froide qui offre un certain cisèlement. Dans le même temps, les agrumes (citron vert, yuzu) prennent leur essor. Toutefois, ce sont les fruits exotiques qui nous en mettent plein les narines et de manière précise. On débute sur de l’ananas rôti et de la papaye avant d’évoluer à pas de loup sur la mangue et son fameux gras pour finir sur la touche acidulée d’un fruit de la passion frais. Ce séquençage, cette notion de maîtrise temporelle saisit très rapidement le dégustateur. On tente alors de s’en extraire pour percevoir les environs : coriandre, fougère, muscade, noisettes et fleurs (bleuet). L’ouverture apporte de la minéralité, du flétan fumé et un peu de tapenade. Il arrive au bout d’un moment sur un point d’équilibre ou la passion, les agrumes la tourbe et la végétation. Un nez redoutable, ultra-flatteur et plutôt rare (dans le monde malté moderne). La dilution, de manière amusante, amoindrit encore l’impact tourbé pour révéler un visage plus modéré. Pas forcément le meilleur nageur du monde mais on s’en accommodera très bien.
Bouche : la texture est ample et la puissance est au rendez-vous, sans surplus alcoolique. On commence par une dose de fructose. Ensuite, la tourbe, plus fumée et minérale, mais toujours encline à déverser du sel, s’impose. Pourtant, elle laisse un grand espace d’expression au profil fruité. On retrouve les notes de citron vert, de zeste de conbava et d’orange de Satsuma. Les fruits exotiques ne sont pas en reste puisqu’on ressent tout de même les arômes du nez, bien que leur expressivité soit plus réduite. La seconde partie de bouche fait la part belle à cet aspect tout en développant les noisettes torréfiées, le genévrier et la coriandre. La dilution le rend plus salé et porté par la noisette et le malt, nous faisant perdre de vue l’impact fruité.
Finale : on finit sur quelque chose de plus fumé avec de la papaye, de la mangue et de la passion. C’est long et persistant avec une suite aromatique qui se termine de manière plus sèche sur de la minéralité, du citron vert, de la fumée et un peu d’épices (muscade, poivre). Après dilution, l’After-Eight rejoint finalement les rangs avec malice pour terminer tranquillement cette dégustation.
Music-pairing : Hidden Orchestra – Alyth
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