Petite remontée dans le temps avec ce vénérable Bunnahabhain qui illustre les années 60 de la distillerie d’Islay. Détour méritoire ou nostalgie insensée, le verre nous le dira…
Nez : le fruité est à l’honneur. Une fois pêches et pommes acidulées passées avec le vernis, il vient sur l’exotisme avec de l’ananas frais, de la mangue et un peu de jus de grenade. L’aération permet d’obtenir de la banane et du kiwi tandis que le miel s’émancipe tranquillement. La fraîcheur rejoint les rangs avec de l’eucalyptus, de aiguilles de pin, du houblon et quelques notes fleuries délicates (lilas, œillet). L’ensemble est parfaitement soupesé, la rondeur et le fruité ne formant pas un monolithe sans âme. En lui laissant du temps, le miel se mue en cire, on entraperçoit du lait de coco et des notes de financier. Le bois, lui, n’est pas absent mais se fond dans le décor avec aisance. Les épices, quant à elles, se font minimalistes avec de la cannelle majoritaire. On finit par des embruns qui se multiplient avec le temps et une note verte (poireaux en salade, herbe coupée) qui vient avec un peu de sauce caramel. Un nez évolutif mais toujours sous contrôle. Un excellent départ, entre complexité et promesse évolutive.
Bouche : la texture est douce avec une certaine explosivité. Pourtant, cela n’empêche pas cette bouche d’avoir un léger déficit en termes de consistance. Outre cet état de fait, les arômes sont au rendez-vous. On retrouve le miel, l’eucalyptus pommadé et les fruits (pommes, melon, ananas, mangue), des pointes lactées et maltées assorties d’épices (cannelle, muscade, bois d’Inde, poivre, sel). Ces dernières et le bois reviennent sur la seconde partie de bouche avec quelques zestes d’orange et de la cire. Il n’aurait pas fallu plus de bois et on est quelque peu déçu par le cisèlement moins appliqué à ce stade de la dégustation. Un brin frustrant mais de très belle tenue malgré tout.
Finale : elle est plutôt moyenne avec une persistance correcte. Le bois et les épices donnent un peu de vigueur et de chaleur. Les agrumes et les fruits font un come-back salvateur avec une jolie alliance entre la grenade, la banane et la mangue. Les fleurs, la menthe, la pointe lactée et le sel servent à nouveau d’appui pour relancer la machine. Une arrière-bouche très intéressante en tout cas.
Music Pairing : The soul machine – Twitchie Feet
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