1974 fut une année charnière pour la célèbre distillerie d’Islay. En effet, c’est à partir de cette année que Caol Ila commença à se fournir à la malterie de Port Ellen. Ce small batch symbolise-t-il parfaitement ce tournant ? Réponse en quelques lignes…
Nez : on a une tourbe sablonneuse (minéralité), composée d’algues et d’embruns puis de jambon et d’étable. C’est alors au tour du pan végétal de s’amorcer (menthe, pommade camphrée). Celui-ci débarque avec des amandes, de la vanille et un peu de coco. Il y a également des touches de fenouil braisé qui se démarque avec l’ouverture. Plus le temps passe, plus on se sent happé par le bord de plage. Les inspirations se font aisément malgré le titrage élevé tandis qu’une pointe de chocolat, de l’huile de beignets et de l’anchois ressortent. En sus, on découvre des touches de quatre-quarts, de fruits confits, de malt fumé et des apparitions de bonbons Arlequin. C’est superbement équilibré et on se laisse aisément bercer par ce flot marin qui s’imprègne de détails avec le temps. La dilution permet de faire ressortir l’aspect minéral et citronné. L’eucalyptus a rejoint les rangs avec du pain de mie et une pointe de bois d’Inde. Le nez est devenu bien plus intéressant à ce stade.
Bouche : on a une tourbe plus puissante faite d’iode et de minéralité (à nouveau). On découvre alors du miel, du citron, des herbes aromatiques brûlées ainsi que des herbes coupées, de la réglisse, du fenouil. La seconde partie de bouche est plus cendrée avec une amertume végétale bien plus prononcée porteuse d’herbes coupées, de réglisse. On perçoit à cet instant des fruits confits (type cake) et un peu de saumon fumé. En l’état, on se retrouve avec quelque chose qui manque clairement d’équilibre puisque l’amer (herbes brûlées et réglisse notamment) ne veut pas jouer les seconds couteaux. L’ajout d’eau lui permet de calmer cet aspect outrancier. Le sirop de citron, les herbes aromatiques modérément brûlées, la réglisse et les cendres salées forment un quatuor vigoureux qui permet de sécuriser cette bouche. On a gagné en justesse et en puissance, les épices se faisant plus présentes (poivre) avec un peu de violette. Cela n’a pas la finesse de beaucoup de Caol Ila, c’est une main de fer d’Islay qui est à l’œuvre. Directif mais trop porté par ses notes majoritaires pour en faire un dram abouti.
Finale : elle est longue avec une jolie persistance. On reste alors sur une tourbe cendrée et minérale, couplée à du citron, de la réglisse et des épices (cannelle, piment doux). L’arrière-bouche retrouve plus de calme, évacuant l’amertume trouble-fête qui régnait jusqu’alors. L’ajout d’eau décuple la sensation cendrée (et iodée) sur la coda, avec le citron, la réglisse, la minéralité et les épices. Efficace.
Music-pairing : Black Sabbath – Iron man
Leave a Reply