On finit notre petit périple Caroni avec une version plus ancienne. Association de pas moins de 78 fûts pour 20 986 bouteilles produites, il fait partie de la toute première salve de Caroni sélectionné par Velier. Un avant-goût de la distillerie ou un goût d’avant de la distillerie ? Telle est la question…
Nez : pour les habitués du genre, on a bien la marque de fabrique maison (cette note pétrolifère, d’essence) clairement moins forte, mais bien plus lisible que d’habitude. L’asphalte passe alors à l’offensive mais laisse s’émanciper une jolie finesse. Un bouquet de roses, des fruits exotiques fugaces (mangue, ananas), des chouchous, de la vanille, des oranges (zestes, confites) et un brin de cuir. Avec le temps, il se délie un peu et offre de la pâte d’amandes et de l’eucalyptus. Le bois arrive également à ce moment-là, avec beaucoup de légèreté. Il a besoin de temps c’est plutôt évident. L’encaustique apparaît assez tardivement mais se marie plutôt bien avec des fruits secs qui ne déméritent pas. Toutefois, on notera que l’amplitude huileuse porteuse d’agrumes (on a aussi des huiles essentielles) fait preuve d’une efficacité simplificatrice. De la même manière, il faut noter que l’imprécision, que l’on peut trouver sur divers embouteillages (notamment chez Velier), est moins présente ici. L’ouverture prolongée va, à nouveau, apporter des éléments : chocolat noir, bois, amidon, bois de Santal, cannelle, vanille. La « patte » Caroni a par contre clairement tendance à s’endormir. Un nez vraiment très bien conçu, à la fois attendu (pour le style de la distillerie) et différent (structure). L’eau le rend plus simple mais on est toujours sur quelque chose de très bien homogénéisé (oranges, chocolat, bois, fruits secs, carvi).
Bouche : on a une belle rondeur (huileuse) ainsi qu’une jolie puissance. Les notes pétrolifères sont encore plus discrètes mais servent de fil conducteur. On commence par des notes gourmandes avec le retour de l’exotisme (ananas, passion), pas mal de rose (et de bois de rose) et quelques notes plus végétales (mesclun, roquette) et des chouchous. La seconde partie de bouche est par contre plus sèche avec du bois, du chocolat, des oranges (liqueur et oranges, ou plutôt un entre-deux) et ces fameuses herbes amères. La rupture en milieu de bouche est un peu abrupte mais ne tombe pas dans une exubérance putassière. On peut par contre regretter que la finesse perçue au nez ne soit pas retranscrite lors du passage en bouche. Cela reste très bon mais on repasse dans un profil plus voilé, toutefois moins monobloc que beaucoup de versions modernes. La dilution donne plus de fraîcheur à l’ensemble (herbes fraîches, thym, eucalyptus) avec du bois de rose et des agrumes (liqueur d’orange). La seconde partie de bouche est devenue malheureusement plus neutre (léger caoutchouc, orange, bois mais guère plus).
Finale : elle est longue avec une bonne persistance. C’est une finale très chaleureuse avec des épices (piment, cannelle), des roses, du bois et les herbes amères. On a ensuite un petit retour exotique avec des fruits secs (amandes) et des zestes d’orange. La dilution fait ressortir les herbes et les épices avec une légère touche d’agrumes. Il est moins percutant à ce moment-là.
Music Pairing : Buddy Guy – I smell a rat
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