On n’a de cesse de le répéter, Bowmore fait partie des distilleries qui n’ont pas forcément besoin de beaucoup de maturation pour mettre en exergue leur potentiel. Nous allons donc confronter deux versions indépendantes datant de 2014 (mais toujours trouvables) venant respectivement de Belgique et d’Allemagne…
D’un âge comparable et n’étant pas des fils du sherry, ces Bowmore ont la particularité d’avoir été renommés avec des sobriquets illustrant l’esprit créatif des embouteilleurs. Du métal au tatouage, nous plongeons ici dans le monde iodé d’Islay. Ces whiskys exhibent, en outre, des degrés d’embouteillage moins élevés qu’attendus.
Le nez
Si le Jack Wieber (JW) joue plus la sécurité que la personnalité, la version de The Whiskyman (TW) n’écrase pas complètement la concurrence.
En effet, le TW est certes complexe mais possède des marqueurs de jeunesse ostentatoires. Le JW cache, quant à lui, bien son âge mais n’en profite pas pour explorer de fond en comble ses notes diversifiées.
Quand on regarde au-delà de ces angles d’attaque, on remarque bon nombre de points communs : la tourbe discrète mettant en avant le caractère côtier de Bowmore, les agrumes (avec du pamplemousse dans les deux cas), les notes végétales, le pain/fougasse aux olives ainsi qu’une minéralité bienvenue.
De manière générale, le JW tire plus sur le fruité mais le sucre n’est pas toujours un allié. En effet, il tend à rendre linéaire le profil et c’est finalement sur ce point qu’il est distancé par le TW, plus « entier » et plus sharp tout de même notamment grâce à la place plus importante de l’aspect calcaire.
On retrouve donc un socle commun bien que le TW en impose plus et soit moins consensuel. A moins de ne pas aimer les notes bien développées (fruits blancs, craie), on préférera donc celui-ci.
AVANTAGE TW
La bouche
Au niveau de la texture, le JW se montre plus gourmand et peut-être un peu plus juste sans eau. Toutefois, à la dilution, le TW fait son retard et on est face à des Bowmore qui tapissent bien le palais.
On a toujours les mêmes axes de lecture avec en plus, dans les deux cas, un poivre qui vivifie les papilles.
Si sans eau, le JW se montre supérieur de par son équilibre redoutable et sa gourmandise flatteuse, il n’en demeure pas moins, qu’à la dilution, le TW se hisse à un niveau supérieur.
Ainsi, il perd sa sécheresse avec une simple goutte d’eau et continue d’explorer le mix côtier-minéral-agrumes déjà perceptible auparavant.
Le JW, qui ne nage pas très bien, reste donc perclus sur sa sphère douce sans pour autant démériter puisqu’il se révèle tout de même assez complexe, surtout si on prend en compte l’âge du breuvage.
Le TW est un peu moins facile mais garde son ascendant en bouche.
AVANTAGE TW
La finale
En jouant avec les dilutions (ou non selon le cas), on est face à deux belles terminaisons. J’aurais bien du mal à les départager à ce stade car la mécanique bien huilée du JW ne se fait plus au détriment de l ‘équilibre et de la profondeur (on est un peu moins sur la douceur).
Le TW est fidèle à lui-même et c’est donc bien le JW qui élève son niveau de jeu pour finir sur une bonne note.
EGALITE
Conclusion
Pour moi, la version de The Whiskyman se montre plus pertinente de par son engagement. Les deux malts sont complexes pour leur âge.
Toutefois, si on désire explorer l’univers malté de par ses diverses facettes, le TW est plus enclin à nous contenter. Il développe en effet une palette complète en insistant sur chaque trait de sa personnalité. A l’opposé, le JW vise l’homogénéité avec un petit ajout de sucre qui le rend plus linéaire mais plus accessible.
J’espère que vous pourrez opter pour le malt qui vous convient le mieux d’après ce petit duel autour du verre. Car, rappelons-le, plus que la note ou la lutte vainqueur/perdant, il s’agit avant tout d’une affaire d’adéquation avec ses préférences personnelles.
Les notes de dégustation complètes se trouvent ici :
Bowmore Children of the dramned 2003/2014 The Whiskyman
Bowmore Wanted Tattoo Doc 2002/2014 Jack Wiebers
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