Il est toujours amusant de faire un comparatif entre deux malts. La sortie récente du 8 ans de chez Lagavulin m’a amené à ressortir une bouteille qui n’est pas récente (ni décatie je vous rassure) à savoir ce Malt Pedigree, dont les caractéristiques ne me semblaient pas trop éloignées. Petite vérification verre à la main…
Si le Peatbull n’évoque pas exactement son âge, il s’agit d’un malt jeune (édition 2002, sortie en 2009). Cela donnerait donc un âge à peu près équivalent et surtout une petite opposition entre un officiel sorti pour l’anniversaire de la distillerie et un indépendant discret sorti il y a quelques années.
Le nez
La première « évidence » concerne la convergence d’une partie tourbe. Je parle de ce caractère vert/médicinal qui nous emmène sur les terres connues de Laphroaig. Le 8yo officiel (OB) est toutefois plus marin alors que le Malt Pedigree (IB) est plus direct et légèrement plus fumé.
Concernant le reste du profil, l’OB joue clairement la carte de la jeunesse et pêche un peu par excès de facilité. L’IB, quant à lui, est plus complexe et offre divers angles d’attaque depuis les biscuits jusqu’aux notes fraîches.
Il y a donc bien une continuité à l’olfaction mais là où l’OB semble jouer la douceur et la sécurité, l’IB est plus dans le don de soi. On peut supposer que le degré d’alcool aide la version indépendante avec une dimension évolutive absente de l’officielle.
De fait, on a tendance à humer plus longtemps l’IB que l’OB qui reste sur ses bases. Le savoir-faire est par contre perçu dans les deux cas.
AVANTAGE IB
La bouche
Les deux ont encore une convergence concernant la tourbe. La fumée à l’entrée de bouche vient donner de l’énergie au malt et, dans les deux cas, les fruits secs saupoudrés de sel sont de sortie.
L’angle choisi est concrètement assez similaire à celui du nez. Certes, l’OB essaie de se lâcher un peu mais il manque de profondeur. Si on apprécie la partie plus austère qui semble venir avec la minéralité, il ne peut guère lutter, surtout qu’il est un peu moins équilibré. En effet, l’IB, s’il n’est pas non plus le plus subtil du monde, offre de l’abondance et plus de diversité. De plus, l’alcool n’est pas brûlant et ne couvre pas les arômes, apportant une chaleur réconfortante.
Les deux sont plaisants et se boivent aisément. A choisir, on préférera, comme vous l’aurez compris, l’IB qui est tout simplement plus entier, plus vivant.
Je précise qu’il ne s’agit pas spécialement d’une préférence de profil mais bien d’une construction plus riche dans le cas de l’IB.
AVANTAGE IB
La finale
C’est probablement la phase la plus divergente. L’OB est sans surprise moins long mais tient une bonne persistance. Toutefois, l’IB possède un retour de fumée qui lui donne un petit plus. En prenant en compte les degrés d’alcool, on peut dire que dans les deux cas, la conception est de bonne facture.
Côté arômes, c’est le schisme. D’un côté, on a un aspect austère chez l’OB (prise de risque trop tardive) qui permet d’offrir un petit twist intéressant. De l’autre c’est la continuité qui domine avec une réduction à l’essentiel du profil.
Si les deux profils finaux sont à mon goût, c’est la puissance et l’amplitude qui vont faire pencher la balance. En effet, on pourrait donner du crédit à l’OB pour son augmentation minérale (plus fine) mais l’IB reste droit, dans la lignée des autres aspects de la dégustation, avec suffisamment de justesse pour nous rallier à sa cause.
AVANTAGE IB
Conclusion
Il y a des points communs entre ces deux whiskys mais la confection nous montre deux drams différents. La version Malt Pedigree est pour moi supérieure à tous les niveaux. Il se montre plus décomplexé, plus naturel alors que le Lagavulin 8 ans nous montre sa conception. On pourrait dire que la version officielle s’apparente à certains discours politiques. Il a un message dont on voit l’écriture, dans le choix de son ton (sa construction), de ses mots (les arômes surtout au nez) et dans sa volonté de convertir (la mise en avant du distillat). Le Malt Pedigree reste simple et fait place à un franc-parler plus confortable et plus vivifiant.
Les notes de dégustation complètes se trouvent ici :
Lagavulin 8yo 200th Anniversary OB
Malt Pedigree Peatbull 2002/2009 LMDW
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