Voilà donc la version whisky brut du fût sélectionnée pour les 10 ans de Whisky & Rhum, limitée à 194 bouteilles. De manière surprenante, il s’agit d’un Glen Moray, une distillerie du Speyside qui est loin d’emporter tous les suffrages. Mais, après tout, la qualité d’une sélection passe aussi par une exploration intelligente…
Nez : si il y a une chape d’alcool un peu trop protectrice, les arômes ne nous fuient pas réellement. C’est une belle gourmandise exotique sucrée qui parvient à nos narines : banane, banane plantain, coco, vanille ainsi que des notes délicates proches du maïs. Cette générosité est un vecteur de gras, venant contrebalancer la tension initiale. On a alors une touche céréalière évoquant le quinoa, de l’huile de tournesol, un peu de poivre blanc et de chocolat-caramel ainsi que des touches de verveine, de fougère et de levain. Il faudra probablement le diluer pour en tirer le meilleur parti mais c’est déjà intrigant. L’eau n’a pas l’effet escompté puisqu’elle casse la dynamique tout en ravivant les parts végétales (verveine, fougère, laurier) et la sensation grasse issue de la banane. Une seconde dilution apporte encore une autre construction avec, cette fois, une part de laurier qui vient percuter les céréales, la mandarine, la coco, la vanille et la banane. Chacun pourra faire à sa convenance mais c’est clairement sans eau et assez fortement dilué qu’il garde la tête haute.
Bouche : c’est puissant et ample avec un exotisme plus mesuré (banane, vanille), du citron mais surtout une note mêlant noisette et quinoa qui va petit à petit s’imposer. A ses côtés, on a à nouveau ce chocolat mâtiné de caramel ainsi que cette fraîcheur émanant de la verveine et de fougère. Entre fraîcheur, douceur et évocation céréalière on possède un joli panel bien qu’il semble complètement engoncé dans l’alcool. La dilution permet de calmer en partie sa puissance. Si on reste sur un profil tout à fait similaire, il s’est extrait de sa coque d’alcool et délivre donc plus de saveurs (citron, blé, caramel léger). En ajoutant à nouveau de l’eau, on gagne de la finesse et on rend cette bouche plus pertinente et mieux composée. La précision n’est toujours pas à son climax mais l’équilibre est bien pensé.
Finale : l’alcool compresse légèrement cette finale et ne laisse pas l’expansion de la bouche se poursuivre suffisamment. De fait, on retombe sur quelque chose d’assez simple : citron, fougère, malt, banane plantain. On perd alors de la précision et on conserve quelques agrumes et des céréales pour former l’arrière-bouche. La dilution parvient à détendre cette coda en lui donnant plus de puissance et en s’assurant la présence de beignet à la banane. Le second ajout d’eau octroie beaucoup plus de fraîcheur.
Music-pairing : J.B. Lenoir – Down in Mississippi
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