Glenmorangie Tusail – Private Edition : un bien pour un malt « Maris Otter »

La Private Edition sixième du nom signée Bill Lumsden

Ce petit rituel s’est mis en place à la fin des années 2000 chez Glenmorangie. Chaque année, une édition spéciale vient donner un nouvel éclairage, une nouvelle expérimentation sur le Single Malt de la région des Highlands. Le nom de cette commémoration annuelle : la Private Edition.

Tout avait commencé en 2009 avec le Sonnalta, un Pedro Ximenez finish, puis vint le Finealta avec son orge très finement tourbée et sa maturation dans des fûts d’oloroso et des fûts américains neufs. Il y eut ensuite l’Artein, en fût de bourbon et en fût de vins (Super Tuscans, vins rouges de Toscane). Puis, l’Ealanta tenta la voie de la maturation intégrale en fût neufs du Missouri (19 ans) tandis que le Companta, pour la dernière édition connue, faisait le plein de fûts de vin (Clos du Tart Grand Cru et Côtes du Rhône).

Pour cette année, nous retrouvons le Glenmorangie Tùsail (Originaire en gaélique). Derrière cette invitation au passé, décidément en vogue en ce moment, nous retrouvons comme toujours le Dr. Bill Lumsden. S’il est affublé de titres différents comme directeur de la distillation et de la création du whisky, il est substantiellement le maître assembleur et le Grand Manitou des créations Glenmorangie.

Tusail & Maris Otter : Insorgez-vous !

Mais venons-en au fait. Quelle est le fil conducteur de ce Tùsail ? Bill Lumsden délaisse la variation du vieillissement. Il a concocté un whisky préparé à partir d’une ancienne variété d’orge, la Maris Otter. Pointilleux, il a même demandé à ce qu’elle soit traditionnellement préparé (floor-malting) et donc artisanalement plutôt que mécaniquement. Pour mémoire, Glenmorangie avait arrêté la pratique du maltage maison en 1980.

La Maris Otter est une variété hivernale à deux rangs et qui est apparue aux alentours de 1966 au sein de l’industrie. Partageant le tapis rouge avec la fameuse Golden Promise, elle connut un franc succès auprès des brasseurs et des distillateurs. Elle s’était donc fait son nid dans une industrie céréalière concurrentielle. Toutefois, avec l’augmentation des recherches sur le sujet, elle tomba en désuétude et faillit disparaître récemment.

A ce propos, le Dr Bill Lumsden s’est exprimé : « Quand nous avons entendu l’histoire de ceux qui étaient déterminés à préserver une céréale si goûteuse, leur philosophie – et l’orge elle-même – semblait parfaitement correspondre au single malt Glenmorangie. Je savais que son profil aromatique profond fournirait un contraste intrigant avec le style plus délicat de la maison Glenmorangie, créant un whisky pour enchanter les connaisseurs. Le résultat rend hommage à la variété Maris Otter, avec de riches et rustiques notes de noisettes caramélisées, de douces touches d’orge maltée, de gingembre, de cannelle, de mélasses et de dates, en complément des notes plus familières de Glenmorangie comme les pêches, les oranges et les poires fumées« .

On a pour habitude de dire que la Maris Otter est sélectionnée afin d’avoir des notes torréfiées (fruits secs, toasté) ou des notes de biscuits, tout du moins pour ce qui est de la bière. Nous rappelons que s’agissant de whisky, le débat est toujours existant. Deux camps s’affrontent : ceux pour qui c’est uniquement le rendement en sucre qui est important, minimisant donc son rôle aromatique et ceux pour qui la variété fait indubitablement la différence. On pourrait probablement essayer de tirer des conclusions avec cette nouvelle sortie. Cependant, il ne faut pas omettre des techniques tels que les « crystallized malts ». En effet, lors du séchage de l’orge, avec une chauffe plus marquée, on pourra obtenir des notes assez proches (biscuits, caramel, malt).

Comme les précédentes versions de la Private Edition, les 46% et la non-filtration à froid sont de rigueur tandis que le prix évoqué est 75,99£ soit environ 100€ pour ce whisky élevé en ex fûts de bourbon.