Si Glenugie a débuté son histoire en 1834, elle connut de nombreuses périodes de fermeture avant de clore définitivement ses portes en 1983. De plus, rares sont ses embouteillages (indépendants principalement) surtout depuis l’envolée de ses tarifs. Ce fût de sherry saura t-il nous faire regretter son destin ?
Nez : derrière sa couleur foncée, on découvre un profil pour le moins étonnant. On a une part végétale qui nous rappelle le sous-bois (mousse, fougère) tandis que de l’acidité de la chair de combava se manifeste. On retrouve des notes d’humus, du chutney d’oranges, des noisettes et des épices (poivre, cumin, Ras el-hanout). L’ouverture fait apparaître une massive tarte aux noix de pécan, et même de la glace au caramel. Ce caractère gourmand arrive subitement tandis qu’un appareil plus lourd est présent (cirage, colle, bois brûlé, musc) avec des légumes sauce Achar, du kaki et du vinaigre de framboise. Cela semble foutraque (voire anarchique) mais il y a des strates cohérentes, plus arrondies qui se forment quand on lui laisse le temps. C’est devenu assez classieux malgré l’étrangeté du panel. L’eau lui ôte sa capacité à faire ressortir ses parfums même si l’équilibre est assurément là.
Bouche : c’est puissant et vif même si l’alcool n’est pas incinérateur. Le sous-bois est toujours présent mais vient directement avec les notes de cirage et de bois brûlé. De même, cela reste frais (mousse, menthe). C’est alors au tour des noix de pécan et du chocolat noir de se présenter succinctement tandis que les agrumes se font à nouveau sentir (conbava, orange) . C’est alors les fruits exotiques (kaki, goyave) qui prennent le relais avec du chocolat aux noisettes, du bois et des épices (piment, poivre noir, girofle, cannelle, Ras el-hanout). C’est riche, chaud et assez revigorant. Une bouche très agréable malgré quelques écarts de conduite (précision). L’eau lui donne un déroulé plus logique, tapissant allègrement le palais. Le profil, lui, ne bouge guère et remet toujours l’intégralité des saveurs en place. Plus propre mais bien moins engagé tel un révolutionnaire sous myorelaxant : le texte et le fond sont là mais on sent que son caractère est oblitéré.
Finale : moyenne avec une part végétale emplie de sous-bois et d’herbe coupée. De même, les oranges sont toujours présentes et amènent avec elles un reliquat de sauce Achar. L’arrière-bouche est plus cacaotée avec un retour fruité et épicé. On le sent encore sur la retenue. La dilution aide à lui donner du panache et c’est peut-être la seule vertu de l’ajout d’eau, renforcer cette terminaison un peu plus hésitante.
Music Pairing : Light in Babylon – Bursa’nin Ufak Tefek Taslari
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