La folie Karuizawa, un phénomène ahurissant, un fleuron anobli qui fait clairement office de fer de lance de l’engouement pour le whisky japonais haut de gamme. Nous avons décidé de sortir ce mythique Sherry Cask 6426 de notre réserve. Parangon du whisky japonais ou écho feutré voué aux panégyriques ?
Nez : de délicates notes de fleurs et de fruits de verger rappelant la légèreté printanière… Non, évidemment il n’en est rien. La puissance règne d’entrée avec du bois (bois noble, cèdre, bois sec), du café, du pruneau, du chocolat noir. C’est disons-le, franc du collier. On va devoir attendre un peu pour que l’aération débroussaille tout cela. On découvre des fruits secs (noix, cacahuète) et des notes acidulées (bonbons Arlequin). La densité est extrême et il y a un amalgame entre le bois, le vinaigre balsamique et le cacao qui prend l’ascendant. Des touches de chlorophylle et de confiture de fruits rouges s’échappent de cette chape de plomb qui, par alchimie, est devenue de l’or sur le marché secondaire. Avec patience et dévouement on attend la prochaine modification de profil. Il y a un peu de liqueur d’orange et des amandes fumées. Le premier ajout d’eau réduit un peu les circonvolutions dues à l’alcool avec des fruits secs qui ressortent plus nettement, accompagnés de chocolat noir et de tabac. Quelques atermoiements de dosage plus tard, il semble un peu plus riche en cuir/carné et en fraîcheur mentholée. Pris dans son ensemble, c’est un nez solide qui explore le sherry de manière frontale mais sans faire preuve d’un discernement absolu.
Bouche : c’est toujours aussi dense et chaud. La sensation thermique n’occulte évidemment pas le package d’arômes : fumée, bois sec, bois brûlé, encaustique, sirop de grenadine, fruits secs torréfiés (amandes, noix), liqueur d’orange, chlorophylle…. C’est un bloc qui n’est pas inintéressant en soi mais qui reste « »simplement » une belle expression. La dilution devrait le rendre plus causant. En effet, l’amplitude est bien plus appréciable avec une fraîcheur (salvatrice) très nettement supérieure. Les notes de confitures (framboises, cerises) se heurtent au bois qui s’est fait plus pressant.C’est bon, pas de doutes là-dessus mais c’est encore un peu bancal. La seconde salve de dilution remet un peu d’ordre dans la maison : l’entrée plus riche en tabac et en cuir, le contenu beaucoup plus frais (le vrai plus, cette fraîcheur mentholée) donne un peu d’allant à une bouche qui tend un peu à l’affaissement. En effet, à ce stade, les bonbons acidulés et le bois (qui est dominateur mais pas astringent) bataillent avec les épices (girofle, piment, gingembre). Sans réel point d’équilibre perfectionniste, cette bouche reste un peu frustrante.
Finale : en l’état c’est court avec du sirop de grenadine, des fruits secs et du bois légèrement fumé. L’arrière-bouche portée sur l’agrume et les fruits secs est vraiment volatile. Là encore il semblerait que la dilution soit nécessaire. Heureusement, l’eau fait son œuvre. La puissance est rétablie pour que finale et persistance soient gonflées. Il n’en demeure pas moins que c’est une terre de contraste, le bois et la confiserie (cerise, Arlequin) peinant à prendre leur place sereinement alors que le menthol et les épices chaudes forment un joli dégradé.
Music Pairing : Igorrr – ieuD
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