Il y a quasiment autant de types d’amalteurs-acheteurs que de bouteilles sur le marché mais, à bien y regarder, des tendances se dessinent, des comportements se ritualisent créant ainsi des vraies sous-familles. Toute ressemblance avec des gens de votre entourage serait fortuite… Enfin….
Dans le grand monde du malt, il y a des budgets différents mais aussi des habitudes de consommation diverses. L’amalteur-consommateur, fier descendant capitaliste du chasseur-cueuilleur, possédera au cours de sa vie une ou plusieurs postures vis à vis de ses whiskys. Essayons donc d’y voir un peu plus clair.
Homo Maltus Carrefourus
Généralement peu enclin à voir son budget whisky augmenter, l’Homo Carrefourus boit peu ou prou toujours les mêmes bouteilles dans son hypermarché de prédilection, se ravitaillant une fois par mois afin de ne pas tomber en rade de carburant, à l’occasion des courses familiales.
Si les notes de dégustations peuvent l’intriguer, il n’est vraiment pas intéressé par l’exercice et veut juste pouvoir siroter son dram (simple, double ou quadruple), seul ou avec ses amis.
La collection, il trouve cela dénué de sens. Le whisky, c’est fait pour être bu et pis c’est tout.
Il existe également sa variante, l’Homo Maltus Nicolasus, qui possède exactement les mêmes caractéristiques excepté qu’il achète ses bouteilles chez un caviste de sa ville, participe régulièrement aux soirées dégustations pour étoffer un peu sa gamme. Légèrement plus curieux et un peu plus exigeant, il cherche avant tout son profil de prédilection et change rarement de typologie de whisky, à l’instar de l’Homo Maltus Carrefourus (hors période de coup de fusil dans le dit hypermarché).
Homo Maltus Lowcostus Compulsifis
Celui-ci a la particularité d’avoir un prix maximum d’achat assez bas par rapport aux tarifs du marché ce qui ne l’empêche pas d’en acheter à la pelle dès qu’il en à l’occasion.
Raisonnable, il aura des dizaines de bouteilles ; plus dépensier, il en possédera une ou plusieurs centaines.
La spéculation n’est pas son dada, non pas qu’il soit à cheval sur les principes mais il préfère simplement en avoir une pléthore d’ouvertes afin de pouvoir piocher dedans.
C’est un peu le syndrome de l’enfant gardant un Dragibus de chaque couleur pour être sur de pouvoir manger un peu de tout. En effet, il est curieux et couvre un large spectre du palais de l’amalteur mais délaisse partiellement les samples du fait de l’amplitude de ses possessions.
Il y a d’ailleurs des chances qu’il possède des whiskys papous en fût de vin rouge aussi bien que des entrées de gamme classique, notamment trouvables en supermarché.
Il existe également sa variante l’Homo Maltus Lowcostus Budgetus qui aimerait bien pouvoir se payer autre chose, mais qui n’a pas suffisamment d’argent à allouer à sa passion. Parfois, admiratif ou aigri vis-à-vis d’autres catégories d’amalteurs, il peut passer des heures à regarder les collections Whiskybase de ses contacts, à farfouiller sur les sites néerlandais à bas prix. Evidemment, il nourrit une certaine passion pour le sample qui lui offre une belle alternative.
Ces deux typologies peuvent en tout cas être le chaînon manquant entre l’Homo Maltus Carrefourus et les autres catégories d’amalteurs-consommateurs.
Homo Maltus Cumulator Vitrinus
C’est un type d’amalteurs assez particulier qui achète en général beaucoup et qui possède un beau meuble fait sur mesure pour accueillir pour ses trésors.
Mais attention ! Le but n’est pas de les ouvrir mais bien de les garder. C’est un objet d’art, une collection visuelle. Sa consommation est en général réduite et il boit plus en samples qu’en bouteilles.
Quoi qu’il advienne de tout ce liquide (une ouverture lente mais progressive), elle est en général responsable d’un budget conséquent, paradoxalement. Car avouons-le, il s’agit rarement de Fettercairn 8 ans (à moins que cela soit un Samaroli des années 70).
La variante toute logique est l’Homo Maltus Cumulator Speculatis. Le but est évidemment de faire des placements profitables sur du court ou du long terme. Il se peut que ce soit un vrai passionné de whisky qui veuille étoffer d’autres bouteilles (il devient alors un croisement de typologies). Si ce n’est pas le cas, c’est un pur financier se servant du whisky comme d’un objet de luxe comme les autres. Sa collection change donc tous les ans au gré des achats-reventes.
Homo Maltus Apparentis Maximus
C’est une catégorie d’amalteurs qui a besoin d’avoir des bouteilles prestigieuses. Cela en fait un cousin éloigné de la catégorie précédente. La différence majeure est qu’il les boira probablement et qu’il dira souvent que c’est formidable. Un peu buveur d’étiquettes, il est vite décontenancé par les tests à l’aveugle et préfère de loin une bonne bouteille avec un patronyme bien lisible.
Port Ellen, Brora et autres Japonais sont donc toujours à ses tables même s’il s’agit d’une version de faible qualité. Il peut également avoir la même tendance au niveau des échantillons qu’il teste.
La variante est l’Homo Maltus Apparentis Valentinus. Fan (et il a bien raison) du blog de Serge Valentin, Whiskyfun, il prend un malin plaisir à tout mémoriser. Il fait des tableaux Excel et sait, à quelques exceptions près, quelles sont les bouteilles à chercher pour avoir un fameux 90+, même si ce n’est pas à son goût.
Lui aussi, trouvera toujours bonnes ses précieuses et c’est bien là le principal.
Homo Maltus Collectionaris Absoluta
C’est l’amalteur jusqu’au boutiste par excellence. C’est le même qui, enfant, était prêt à acheter 100 paquets de cartes de foot pour avoir le seul joueur manquant de son album Panini. Il n’achète quasiment qu’un millésime, qu’une distillerie…
Il est en quête perpétuelle d’un embouteillage rare correspondant à son obsession, quitte à demander à un petit shop familial de Vilnius s’il leur en reste. Bref, il est un peu démesuré et n’hésite pas à dépenser des sommes folles pour ses acquisitions. Il a bien entendu une collection riche et plutôt quantitative. Pour goûter le reste, il y a les échantillons, heureusement pour lui.
La variante est l’Homo Maltus Collectionaris Partiellis Celui-là a une lubie à temps partiel. S’il n’achète pas qu’un type de whisky (distillerie, millésime, pays, finition…), il a tout de même un genre de prédilection qu’il achète en abondance, complétée par d’autres bouteilles car il a tout de même tendance à l’accumulation. De même, il peut avoir un style préféré et ne vise pas forcément l’éclectisme. Moins absolutiste, il consomme également pas mal d’échantillons.
Homo Maltus Omnivorus Basicum
Il a bien entendu ses préférences, des notes qu’il n’aime pas, mais c’est un amalteur qui achète de tout, principalement après avoir goûté mais parfois à l’instinct. Sa collection est donc assez diversifiée pour changer de style s’il en ressent le besoin. Acheteur d’ échantillons, il est en général fort curieux et teste toutes sortes de drams.
La variante, plutôt rare, est l’Homo Maltus Omnivorus Premium. La différence principale avec le Basicum est qu’il a plus de moyen. Il a donc accès à des vieilleries intouchables pour le commun des mortels ou encore des bouteilles réputées mais sait parfois se contenter d’une bouteille plus accessible.
2 Comments
alain
23 juin 2016 at 14 h 36 minjuste une question:
il se situe où entre LUCY et NEANDERTHAL ?
Thomas
23 juin 2016 at 15 h 07 minLes scientifiques bossent encore dessus :).