Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de goûter un whisky de plus de 55 ans. Grâce à la générosité de Gordon & MacPhail, nous avons pu expérimenter la fameuse alchimie entre l’embouteilleur et Mortlach. Speyside power pour ce fût de sherry de premier remplissage …
Nez : on pourrait s’attendre à des terres desséchées et hostiles après tant de temps. Pourtant, il n’en est rien. C’est un sherry old school qui amène la rondeur du miel de sapin tout en ayant des tendances herbacées (aneth, fenugrec, thym, camphre, tabac). On reconnaît des notes légèrement fumées (charbon de narghilé) avec un impact subtil du musc, du cuir et du beurre fermier. Bien entendu, on ressent des fruits confiturés (framboises, cerises, prunes, abricots ; coco discrète). Avec l’ouverture c’est le marron chaud qui vient avec des noix et des pécans, caramélisées. On a aussi du chocolat et de la crème avec une impression de forêt noire qui s’instaure. C’est un peu comme si on prenait les composantes d’un Karuizawa et qu’on les dégraissait afin de leur donner de la noblesse. C’est vraiment bluffant et la puissance est contenue, tout en arabesque lors de son développement. On a presque peur de passer à la suite (Certes, c’est toujours anxiogène, arrivé à ce stade là). Si vous n’aviez pas compris le message, c’est de la haute voltige, notamment grâce à une maîtrise du bois et à la précision des effluves.
Bouche : la texture n’est pas grasse mais est encore riche grâce à ce miel qui vient avec sa kyrielle de confitures qui conjuguent cette fois fruits rouges, abricots, kaki, coco. La seconde partie de bouche est plus sèche mais aussi plus fraîche, gagnant du tabac, des raisins de Corinthe et du camphre. On ressent évidemment à ce stade l’influence du bois mais la sécheresse est assez bien distillée au sein des notes plus faciles et flatteuses de la première partie de bouche. Encore une fois, c’est l’élégance immédiate qui tire irrémédiablement ce whisky vers le haut.
Finale : la longueur n’est pas époustouflante mais la persistance est impressionnante, tout en souplesse. Le bois se fait par contre bien plus présent ce qui a tendance à casser un peu le profil. Il reste encore ces confitures (notamment abricot), du café du cuir et du chocolat. Heureusement pour nous, l’arrière-bouche se concentre plus sur les fruits confiturés et la fraîcheur herbacée.
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