Séisme sur la gamme Nikka, de nombreuses disparues

Nikka, un des deux mastodontes du whisky japonais, a choisi de modifier sa stratégie commerciale ce qui est en train de générer quelques remous auprès des amalteurs. Whiskyandco.net revient sur cette annonce qui dénote un problème d’anticipation et donc de projection.

Le constat : une disparition globale

Les nouveaux NAS de chez Nikka, qui devraient arriver sur le marché début Septembre.

Nikka a décidé mettre fin à un bon nombre de références de sa gamme. Cela entrainera une disparition progressive des vos malts nippons préférés des rayons des boutiques. Sont concernés, entres autres, l’intégralité des single malt Yoichi et Miyagikyo, incluant les version NAS, 10 ans, 12 ans, 15 ans et 20 ans, le Tsuru 17, le Nikka Black 8 ans, etc.
Certains embouteillages seront toujours commercialisés, comme les Nikka Coffey Malt et Coffey Grain, le Nikka From the Barrel, le Taketsuru 21 ans pour les principaux. Par contre, leur prix augmentera considérablement à partir du 1er septembre, de 50 % pour certain (Taketsuru 21 ans).

Le 1er septembre c’est aussi la date de mise sur le marché de deux nouvelles expressions de Yoichi et Miyagikyo, sans mention d’âge. Leur différence avec les NAS actuel ? Ils seront composés de whiskies… plus jeunes, évidemment.

Leur concurrent direct, Suntory, semble emprunter la même voie. En effet, l’arrivée des Distiller’s Reserve à 43% chez Yamazaki et Hakushu, le grain The Chita ou encore le blend Hibiki Harmony, paraît être la première étape pour remplacer les whiskys avec mentions d’âge. Si ce n’est pas le cas, la premiumisation serait leur nouveau point de mire. Il suffit d’observer certaines hausses, comme le Yamazaki 18 ans qui a presque triplé, pour s’en convaincre.

Les conséquences : constitution de stocks ou spéculation

Évidemment, même ceux qui n’achetaient pas les versions basiques se sont trouvés face à un dilemme. Laisser couler en attendant de trouver d’autres malts intéressants à acheter ou investir quelques euros dans une gamme qui allait disparaître avant qu’il ne soit trop tard…

Pour rappel, s’il y a bien entendu des aficionados du style japonais, on ne peut pas forcément plaider pour un consensus globalisé. Vous pouvez d’ailleurs avoir accès à quelques notes réalisées par nos soins : Yoichi 10 ans, Yoichi 15 ans, Miyagikyo 10 ans.

Enfin, on peut se demander si cette ruée vers l’or ne va pas se transformer en course à l’armement spéculatif. A quand un Yoichi 10 ans à 150€ sur Whisky Auction ?

Les causes : une montée non anticipée

Il restait à savoir pourquoi, en plein boom, Nikka avait choisi de changer son fusil d’épaule. S’agit-il d’une stratégie vouée à étendre son marché ?

Il semblerait que la réalité soit plus complexe que cela. Bien entendu, ces faisceaux d’informations tendent à montrer une firme profitant d’une conjoncture propice à une élévation de ses prix.

Pour autant, l’augmentation perpétuelle de la demande en whisky japonais à l’étranger et sur le marché intérieur semble être à l’origine du problème. La série « Massan », relatant la vie de Rita et Masataka Taketsuru, a entériné ce phénomène en rendant attractif le whisky made in Japan. La gestion des stocks est donc devenu problématique et Nikka semble tout simplement dans l’incapacité de fournir suffisamment de distillats pour conserver sa gamme actuelle.

Il ne nous reste plus qu’à espérer que les stocks soient reconstitués afin que Nikka puisse redonner vie à une gamme plus attrayante que celle qui sera mise en place le 1er septembre.